Je comptais vous poster un look en ce lendemain de fête. Finalement, ce sera un billet sur une tranche de vie : mon Noël 2017. On remonte le temps ?
C’est dimanche, on est allé se promener, Léna a fait une longue sieste pour se préparer à l’arrivée du Père Noël. On est posée ensemble sur le canapé devant un film, on va aller prendre un bain.
Ce soir, nous sommes attendus pour réveillonner chez mes beaux-parents et demain on se réunira tous comme la tradition le veut dans ma famille, autour de la table. Noël, c’est ce repas annuel où le temps s’égrène lentement, un temps où l’on profite les uns des autres.
Léna s’est levée pour aller dans la cuisine, son père est en train de préparer des savons artisanaux. Il a mis la première préparation dans les moules et termine la seconde. Il est 18h30.
Elle va hurler si fort qu’en quelques secondes, je serais prêt d’elle. Elle vient de tremper deux doigts dans la solution d’huile d’olive, d’eau et de soude et de les porter à sa bouche. Elle pensait goûter de la pâte sablée.
Emmanuel est déjà en train de lui essuyer la bouche, en lui demandant de ne rien avaler. Il me faudra quelques minutes pour avoir le centre antipoison au téléphone afin de voir avec eux la procédure. Retirer un maximum de matière avec un linge, puis rincer le plus possible. Elle s’est brûlée les papilles, les lèvres à l’intérieur et à l’extérieur. Se rincer est très douloureux. Elle fait de hyper salivation et ne veut plus déglutir.
La douleur arrête d’augmenter, Léna se calme. La personne du centre antipoison, me dit que l’on va attendre deux heures pour voir. Elle n’a pas mal à la gorge et les urgences ne feront pas mieux pour l’instant. En fait, la soude est un produit basique, qui créer des lésions visibles entre 6h et 24h après.
On prend le bain, elle joue, elle a les lèvres d’Angelina Jolie et continue de recracher sa salive. Elle n’a pas mal à la gorge, ni au ventre. En arrivant chez mes beaux-parents, je rappelle le centre antipoison : compte tenu du fait que Léna ne déglutit pas et fait encore de l’hyper salivation (elle ne ferme pas la bouche), la personne qui la suit à distance veut un examen complémentaire. On part aux urgences. La table de Noël est vide.
Avec le recul, je me dis que c’est une bonne chose, qu’elle refuse de déglutir les premières heures. Elle a, par elle-même, rincé sa bouche des centaines de fois.
C’est le début d’une nuit avec des mots tels que : lésions, brûlures des muqueuses, nécrose de l’oesophage, endoscopie par le nez, puis par la bouche, protocoles, ORL, gastro-entérologue, anesthésie générale. Une seule question :
» Léna as-tu avalé la préparation ? »
Ma louloute va répondre non toute la nuit et je lui fais confiance. Je sais qu’elle n’en a pas ingéré, par contre cela a pu se faire sans qu’elle en ait conscience. Cette confiance m’a permis de relativiser et d’être encore plus présente pour elle. Le 24 décembre, elle et moi, on dormait à l’hôpital Lapeyronie. Lorsqu’elle est arrivée dans sa chambre (2H30) un cadeau l’attendait sur son lit avec son prénom dessus. Une douce attention de la part de l’équipe.
On a fini par quitter l’hôpital, totalement serein le 25 à 15h45, elle avait mangé, on nous avait confirmé qu’elle n’avait pas de lésions, elle était apaisée et contente d’aller retrouver la famille et ses cadeaux. On a pu fêter Noël et profiter de chacun.
En rentrant hier soir, avec mon mari, on en a discuté. Nos enfants sont autonomes pour leurs âges, malgré tout un accident est si vite arrivé. J’ai bien entendu les risques qu’avait couru notre fille. Je ressens une immense gratitude d’être sortie moins de 24h plus tard, en étant totalement rassurée sur son état. Tout va bien, nous sommes tellement chanceux !
On n’a pas pu s’empêcher de faire le tour de nos responsabilités communes, je savais qu’il faisait cet atelier, il l’a commencé alors qu’elle se levait, on ne s’est pas assez assuré qu’elle ait conscience du danger. C’est pourtant quelque chose que l’on fait la plupart du temps, les prévenir. Cette fois, on est passé à côté, cela aurait pu être très grave. Encore une fois, Tout va bien.
J’avais envie de partager cette expérience, si elle peut servir. Elle vient comme un rappel de ne pas oublier de communiquer sur ce qui nous parait évident. Rien n’est évident pour l’autre si ce n’est pas clairement exprimé et entendu, surtout pour un enfant.
À l’heure qu’il est, Léna est partie en vacances avec ses grands-parents, elle va beaucoup mieux.
La table de Noël a été défaite, elle n’a pas servie.
J’espère que votre Noël s’est bien passé et que vous avez profité de bons moments avec vos proches. Je souhaite plein de courage à toutes celles qui ne sont pas encore en vacances.
Petite G
2 janvier 2018 at 22:35OH punaise…heureusement que tout s’est bien terminé, j’en avais des palpitations en te lisant ! Je n’imagine que trop l’angoisse que vous avez du ressentir, oui comme tu dis on n’est jamais trop prudent…
Bonne année à toute ta jolie famille ma belle, après ces émotions fortes… Je t’embrasse !