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C’est un petit Suisse!

C’était il y a environ une semaine, pour faire plaisir à mon homme, je nous ai offert deux places de concert pour William Sheller. Avant de nous rendre au Corum, on a pris un verre en terrasse avec une amie, Elie:

« -Non vraiment je vois pas qui c’est… »
On se regarde, assez étonnés l’Homme et moi:
-« Je veux être un homme heureux », ça te dit rien?
Elle secoue la tête, incrédule.
-« Un petit suisse, pianiste »… insiste l’Homme.

Non vraiment, elle ne voit pas. Reste plus que YouTube, pour lui rafraichir la mémoire, elle verra à la maison. Pour nous c’est l’heure de ce qui va s’avérer être un rendez-vous.

En fait, William Scheller, je connais depuis longtemps. Mais je dois avouer, que toute seule je n’aurais pas pris les places. J’aime sa musique, mais bon faut quand même reconnaitre que ses textes ne sont pas d’une gaieté entrainante. Pour te la faire courte c’est pas Bénabar, et j’avais un peu peur que ce soit (comment dire… l’Homme va lire cet article) un peu mou.

Après un diner rapide à la Brasserie du Corum, on y mange super bien soit dit en passant, nous voilà installés salle Berlioz. Avant que la lumière s’éteigne, l’Homme me glisse à l’oreille:

-« Tu vas voir il parle beaucoup »
Il regarde, amusé mon sourcil en point d’interrogation, alors que je m’enfonce dans mon fauteuil, l’air dubitative.

Le Petit Suisse est arrivé, habillé en noir il a salué avant de rejoindre son compagnon de soirée, un piano à queue noire, unique décor et instrument de scène. Ses doigts ont titillé les notes, et il a commencé à parler.

Moi qui pensait assister à un concert un peu ennuyeux, je l’avoue, j’ai été l’une des invitées d’une vraie rencontre.

William Scheller prend plaisir a ouvrir les portes de son monde et on a plaisir à s’y promener. Si les textes de l’homme sont empreints de mélancolie, leur genèse est gaie, voir enfantine.
Chaque mot tend à lever le voile sur l’artiste sans voyeurisme mais dans une grande intimité. Il parsème son répertoire de souvenirs, d’anecdotes, de choses simples. On apprend pêle-mêle que l’odeur des poireaux suscite chez lui la peur de l’abandon par sa mère, que son piano a plus de trente ans, qu’une chanson lui a valu une nouvelle chance face à une erreur, que Barbara avait du caractère, qu’elle aimait les… fax et que c’est à elle que l’on doit de l’avoir sur scène.

L’artiste a un sens de l’humour à la hauteur de son sens de la discrétion. C’est un homme humble et respectueux, attentionné envers son public, américain par son père et français par sa mère, il n’a rien de Suisse, mais reconnait qu’à Genève on s’ennuie, et que du coup ça laisse le temps de composer.

Pour Elie:

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  • Mad'moiselle claire
    28 juin 2012 at 07:27

    Pour moi c’est synonyme de frissons ! C’est beau, c’est profond….. La belle soirée que vous avez du passer 🙂

  • Milo
    28 juin 2012 at 11:00

    Magique effectivement 🙂