Le salon métiers d’art Ob’art revient s’installer à Montpellier pour sa 5ème édition au Corum, du 6 au 8 avril, pour faire la part belle aux créateurs de notre région (vous pouvez télécharger des places avec le code OBARTLCDM via le lien au-dessus). Comme chaque année, je suis heureuse d’être sélectionnée pour vous présenter un artisan. Je choisis qui je veux mettre en lumière sur ces pages en fonction du listing d’Ob’Art. Cette année, Marielle de « En compagnie des Perdrix » fait partie des exposantes. Nous avons failli travailler ensemble plusieurs fois grâce au Bazar chic puis cela ne s’est pas fait. Or, j’aime beaucoup son travail. L’interviewer en vue de l’événement m’a semblé une évidence. Elle travaille les robes de Mariées, les corsets et les robes du soir, des vêtements d’exceptions, très techniques, qui nécessitent du temps et beaucoup de savoir-faire. L’univers de Marielle est poétique, épurée et raffinée, chacune de ses créations est une merveille de douceur et de romantisme.
Bonjour Marielle, tu me racontes ton parcours ?
J’ai appris la couture en famille et je ne me suis jamais arrêtée. Après des études de commerce et de tourisme, je décroche un job dans un parc naturel. Il me faudra 8 ans pour revenir à la création. À cette époque, je vais prendre un congé et me former durant 2 ans à Paris aux costumes de scène. C’est le travail à la main, l’aspect technique, la recherche du personnage qui m’a attiré. Une façon de travailler qui se rapproche de la haute couture. Je vais me spécialiser dans les robes de mariée. Aujourd’hui mon parcours, notamment ma formation aux costumes de scène, m’aide à saisir la personnalité des mariées. Une future mariée, c’est un personnage qui va se mettre en avant, c’est aussi un moment unique, un jour spécial ou elle va être la reine de la fête, il faut à chacune la robe parfaite. Il faut environ 50 à 70 heures de travail pour une robe. Quand on vient vers moi, je demande un délai de trois mois minimum entre le premier contact et la livraison de la robe.
Est-ce que tu es de Montpellier ?
Pas tout à fait, mais je suis du coin, et j’ai installé mon atelier il y a quelques mois à Montpellier, aux ateliers des métiers d’art. En tant qu’artisan d’art et membres d’Ateliers d’art de France, avoir un boudoir en ville me semblait essentiel afin de pouvoir y recevoir mes clientes. La boutique me permet d’exposer et d’avoir mon atelier à la même adresse.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées et que tu continues à rencontrer aujourd’hui ?
Tu as des enfants ? Comment s’articule ton quotidien ?
La première difficulté est d’arriver à tout faire au quotidien. Mon métier, c’est de la création, mais aussi beaucoup d’administratif, de communication cela prend beaucoup temps. Or, aujourd’hui si tu ne communiques pas, tu n’existes pas. C’est une bonne partie de mon temps. Ma communication sur les réseaux, c’est la première image de la marque. Pour arriver à tenir le rythme de mes journées, je peux parfois me lever plus tôt ou bosser très tard. Travailler à son compte demande pas mal d’investissement, même si cela permet de pouvoir aménager son emploi du temps. Il faut bien calculer sa marge de temps afin de ne pas se laisser surprendre. J’ai une petite fille, j’avoue que mon métier me permet d’être disponible pour elle, après c’est un choix. Je sais que si elle est malade ou qu’il y a grève, je vais devoir « rattraper » ce temps sur mes nuits, il n’y a pas de secret, tout concilier est un challenge quotidien.
Tu as une astuce pour gagner du temps justement au quotidien ?
Comme j’habite à Clermont l’Hérault, j’ai pris la décision de prendre le bus et le tram. À la base, c’est une démarche écologique, cependant, je profite des trajets pour répondre à mes mails et être présente sur les réseaux sociaux. C’est un confort qui m’aide à organiser mes journées et me libère du temps lorsque je suis à l’atelier. Le temps de trajet, c’est aussi un sas de décompression.
Combien de collections par an proposes-tu ?
Je ne fonctionne pas en terme de collection, mais plutôt au fil de ma créativité. Ce qui me permet de proposer différents modèles qui peuvent s’adapter et guider mes clientes en fonction de leur personnalité. En 2019, je voudrais faire une petite collection de quelques modèles qui auront des fournitures bio : des soieries labellisées par exemple. Travailler de façon écologique et éthique est important pour moi depuis le début, j’essaie toujours de travailler en économisant les ressources et à responsabiliser mes clientes sur la possibilité de réemployer leurs robes, afin de pouvoir la remettre. Pour l’an prochain, je travaille à trouver des tissus bio français, européen et italien. J’ai un profond amour et respect de la nature. Pour moi, il est important de connaître la provenance et l’éthique des matériaux avec lesquels je travaille.
Quelle est ta matière préférée et pourquoi ?
J’ai faible pour le crêpe de soie car c’est un tissu léger qui a beau tombé, il plombe bien une tenue. C’est un tissu exigeant car il est difficile à travailler, il faut le guider, l’accompagner, mais il en vaut la peine, son rendu est incomparable.
Comment se passe un premier contact quand on fait appel à toi ? Comment arrives-tu à définir précisément les attentes de la personne ?
J’ai d’abord la personne au téléphone afin que l’on échange sur ses désirs, le thème du mariage. Ensuite on prend un rendez-vous qui va durer environ une heure. C’est à ce moment-là, que je vais cerner la personne, ce qu’elle veut pour son mariage, sa personnalité. Je vais découvrir sa morphologie et lui proposer de faire des essayages afin de valider une silhouette sur laquelle je vais travailler.Ensuite je vais créer un modèle unique afin de lui proposer un devis.
L’an prochain je pourrais aussi proposer des modèles ‘tout faits’ qui seront à retravailler légèrement. Ce n’est pas facile de se projeter sur une maquette et un projet de réalisation. Certaines savent ce qu’elles veulent et d’autres vont se retrouver bloquées de ne pas avoir le résultat final, pour ces clientes partir de modèles existants peut-être rassurant.
Quelle est la partie la plus intéressante de ton métier pour toi ?
La partie créative avec la découverte de la personne, les essayages où on se découvre, on accompagne les femmes dans un moment émotionnel et solennel. Y participer est un honneur.
Ensuite j’aime aussi beaucoup mes moments de créativité spontanés, d’un coup lors d’une promenade un projet me vient, une idée que je note immédiatement.
En matière de mode tout peut passer où il y a vraiment des choses qui ne sont pas possible? Quelle est pour toi la pire tendance de tous les temps ?
Personnellement, je ne comprends pas la mode, c’est un univers, qui pour moi, va trop vite et certaines pièces ne s’adressent qu’à un certain public. C’est dommage. Sinon, j’ai beaucoup de mal avec les UGG, qui à mon sens n’ont aucun style. J’ai la même opinion des crocs. Je n’aime pas le concept de dire de ces choses qu’elles sont tendances, à la mode, belles et le diktat que cela développe…..Alors qu’en fait, c’est juste des accessoires pratiques qui rendent service.
Quelle est la situation la plus cocasse dans laquelle tu t’es retrouvé en pratiquant ton métier ?
Une future mariée qui est venue faire ses premiers essayages en chaussettes roses fluorescentes, elle avait oublié ses chaussures et cela a donné un essayage plutôt coloré. J’assiste aussi à beaucoup de partage de secret de famille au fil des essayages, parfois, c’est très drôle, car il m’arrive d’être en présence de tout le monde et de savoir ce que chacun pense individuellement.
D’où vient le nom de ta marque En compagnie des perdrix?
C’est un nom allégorique qui évoque mon attachement à la nature, qui est au coeur de mes créations (inspirations, cadre de vie, engagement écologique) . Il évoque aussi un moment hors du temps, un moment pour soi, une parenthèse.
Quel est l’objet qui ne te quitte jamais ?
J’ai un dé à coudre que ma mère m’a offert lorsque je me suis installée. Il appartenait à ma grand-mère, il ne quitte jamais l’atelier.
Où te vois-tu dans dix ans ?
J’aimerais bien exposer ailleurs, dans d’autres pays. Pour la reconnaissance que cela induit et aussi car, cela permet de voir comment ton travail est accueilli. J’aimerais découvrir New-York. C’est une ville qui m’attire pour son énergie, la Fashion Week pour les robes de mariée est un moment important dans l’année. Le Japon est un pays qui m’attire beaucoup pour sa culture, son artisanat d’art, ses tissus, ses teintures naturelles.
Il y a quoi dans ton sac à main ?
Un carnet de croquis et un crayon, il faut que je puisse écrire ou dessiner ou que je sois.
Est-ce que tu as des conseils à donner à celles qui se lancent ?
Vraiment écouter sa voix intérieure même si ce n’est pas facile. Quand on a envie de se lancer, c’est parce que quelque chose nous pousse, ce quelque chose il ne faut pas l’oublier, il faut l’entretenir. Enfin, il est nécessaire de bien s’entourer, car on va plus vite à plusieurs.
Quand tu n’es pas dans ton atelier, tu aimes faire quoi ?
J’aime marcher, randonner, jardiner, m’occuper des plantes, pratiquer des activités manuelles et naturelles proches de la nature. enfin, m’assoir à la terrasse d’un café et laisser passer le temps pour le plaisir.
Qu’elle est la femme qui t’inspire ?
Il y en a pas une en particulier. Toutes les femmes m’inspirent et d’ailleurs pas seulement les femmes, certains hommes sont aussi très inspirants. D’une manière générale toutes celles qui se sont rebellées contre la destinée que d’autres voulaient établir à leur place, et qui ont tracé leur propre route dans leur foyer, dans leur travail, dans la vie publique. Joséphine Baker et Coco Chanel en sont deux parmi elles.
Tu pars en week-end, il y a quoi comme morceau dans ta playlist ?
Des albums entiers, je n’aime pas écouter des morceaux par-ci, par-là. J’écoute pas mal de jazz: Rémy Panossian trio, Airelle Besson. Les chanteuses Emilie Loizeau et Camille que j’apprécie pour leurs chansons et leurs engagements. Layla Mc Calla qui chante en créole sur des morceaux jazzy.
Des adresses à Montpellier ?
Le comptoir de l’Arc, c’est un des rares endroits ouverts ouvert le matin quand j’arrive à Montpellier. Le restaurant Via Pila, rue du Pila à deux pas de l’atelier, un des meilleurs italiens dans lequel j’ai mangé. Le Mona Market, un lieu superbe, de la déco pointue, les créateurs sont souvent mis à l’honneur, expose parfois aussi des peintres. Et toutes les petites rues de l’écusson !
Où peut-on suivre ton actualité ?
Principalement sur Facebook, Instagram, et Pinterest. J’ai un site que je mets à jour régulièrement, on peut aussi s’abonner à ma newsletter. On se rencontre bientôt pour le salon Ob’Art Montpellier du 6 au 8 avril prochain au Corum.
Salon Métiers d’Art Ob’Art Montpellier – du 6 au 8 avril 2018 au Corum. Le 06/04 de 10h à 21h, le 07/04 et 08/04 de 10h – 19h. Entrée gratuite le vendredi, 6.50€ le samedi/dimanche
Gratuit tous les jours pour les -18ans
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Informations complémentaires sur le site de Ob’art rubrique Montpellier.
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Credit photos Marielle et Valérie Raynaud, article partenaire.