Il m’en aura fallu des années, pour écrire ces mots-là ! Mon lien à ma mère résonne de façon compliqué, depuis longtemps. Car si on se ressemble, on ne s’assemble pas vraiment. Nos différences, sur nos mêmes traits de personnalité, engendrent des dissonances, qui créent de la distance.
Avec le temps et les choix que l’on a fait, dont il faut accepter les conséquences, on s’est éloignée jusqu’au silence. Il aura fallu beaucoup d’années, d’étapes, de disputes, de désaccords de cris, de larmes, de douleurs pour en arriver là.
J’ai continué à grandir, apprendre, je suis devenue Maman. Etre mère, set révèle une nouvelle facette de soi, que l’on ne soupçonne pas. C’est une découverte. C’est aussi un rôle qui évolue tous les jours, qui pousse à la remise en question, qui ouvre un infini champ des possibles.
Et qui souvent, qu’on le veuille ou non, nous rapproche de ceux qui nous ont mis au monde. Qu’on l’accepte ou pas, il faut bien reconnaître qu’en nous il y a d’eux, comme en eux, il y a de nous. Ce lien est indéfectible. Je suis tellement bien placé pour vous l’affirmer, moi l’écorchée vive, qui a cherchée par tous les moyens à s’émanciper.
Ma formation m’a aidé à comprendre que nos dissonances cachaient certaines résonances, a accepter qu’au-delà des apparences, elles étaient pleines d’amour. C’est le silence qui m’a permis de les entendre.
Je me suis donné du temps, j’ai expérimenté l’idée que tout part de soi, qu’il y a un bon moment pour tout. A souligner ce que nous n’aimons pas, on oublie de dire ce que l’on aime et de voir le positif qu’il y a dans chaque épreuve. Si on ne revient pas sur le chemin parcouru, on peut lui reconnaitre l’acquisition de certaines forces. Celles qui font qu’on est là aujourd’hui et qu’entre nous, à notre façon, ça va plutôt pas mal.
Évoluer c’est apprendre à être reconnaissant pour ce que l’on a, ce qui nous a été transmis.
Il était temps pour elle et moi, que je lui rende ce qui lui appartient et que je chérie profondément.
Ma mère a des qualités dont: la générosité, la ténacité, la gaieté. Je veux la remercier pour ce grain de folie qui l’habite, qu’elle a su cultiver chez nous, sa capacité à se relever, sa faculté à communiquer. On pouvait, ma soeur et moi tout dire, de toutes les manières : cris, hurlements, éclats de rires, murmures, chuchotements, écrits…. Une seule règle: que ça sorte. Il y a eu des grands moments, mais pas de sujets tabous, c’est tellement libérateur. Je sais que ce fonctionnement n’est pas celui de tout le monde, beaucoup de familles ne communiquent pas, évitent certains sujets, cachent les choses jusqu’au déni.
Instinctivement, je fais la même chose avec mes enfants et mon mari, je les invite à parler de leur ressenti, à revenir dessus, à trouver des solutions. Savoir dire les choses, c’est donner son mode d’emploi, c’est savoir mettre des limites entre soi et les autres. Cette capacité que j’ai appris à canaliser, m’aide au quotidien à dénouer des tensions, à garder ma place, à être ancrer quoiqu’il arrive. Naître dans un foyer où la liberté de parole vous est acquise est un cadeau formidable. Si aujourd’hui je peux tout dire, avec bienveillance (le plus souvent, nulle n’est parfaite) et tout entendre sans jugement, c’est grâce à toi.
Merci Maman et Bonne Fête.
Lelou
27 mai 2018 at 18:34J’ajoute l’absence de tabous! Il est important aussi de pouvoir parler librement de sujets dits intimes. En devenant Mère à notre tour peut-être qu’on se rend compte que la nôtre n’était pas toujours à côté de la plaque 🙂 Bisous ma soeur et Bonne Fête <3
Maguelonne
5 juin 2018 at 13:14Oui tu as raison <3
Karine
28 mai 2018 at 18:07Très beau texte ❤️ bravo pour ce chemin parcouru ✨
Maguelonne
5 juin 2018 at 13:14Merci Karine