Paris est une fête

Ce n’est pas facile de revenir ici. Ça ne l’est pas parce que c’est tout serré, étouffé à l’intérieur et qu’aux heures les plus intimes de la nuit c’est l’impuissance et la tristesse qui me réveille et le chagrin qui m’empêche de retrouver le sommeil. Vendredi, Morphée m’a accueilli de bonne heure, ce n’est que samedi que j’ai su. Un café à la main j’ai découvert l’innommable. La gorge serrée je déroulais ma TL quand mon téléphone s’est fait le messager d’une autre mauvaise nouvelle. Je n’en ai pas parlé ici mais depuis quelques mois mon papa lutte contre le cancer, ce samedi matin les nouvelles n’étaient pas bonnes. D’un coup c’était beaucoup, ça l’est encore et le sera pour longtemps. Je ne vous dirais pas que je n’ai pas peur c’est faux mais je refuse de la laisser me gagner, pour lui qui lutte, pour eux qui sont partis, pour mes enfants à qui il faut expliquer.

Par ici, on vous parle de choses futiles alors reprendre le clavier n’est pas simple même si l’envie est là.
Voltaire dans « le mondain » parlait du superflu comme d’une chose très nécessaire, le superflu allège, aère.
Alors nous revoilà.

Je dis nous car Emma se joint à moi avec ses mots à elle.
Rimbaud (décidément c’est le jour des Grands Hommes) clamait qu’on est pas sérieux à 17 ans, j’ai envie de dire ça dépend…

L’année a commencé avec les attentats de Charlie Hebdo, elle fini avec ce funeste vendredi 13 à Paris, voilà ce que l’on entend un peu partout.
Je refuse de croire que nous, le pays de la liberté, des droits de l’Homme, le pays de la culture, de ceux qui ont jeté des pavés sur les CRS en Mai 68, le pays de l’existentialisme, de Camus, Diderot, Jaurès, la nation des justes, de ceux qui ne renoncent pas devant la barbarie, je refuse de croire que nous, nous allons laisser la terreur prendre le dessus, que nous allons donner raison à ces profanateurs de l’islam, car prendre Dieu pour excuse de ces meurtres est un péché et en aucun cas le Coran stipule que tuer offre la vie éternelle. Tuez un homme, vous tuerez l’humanité, voilà ce que dit le Coran.

La mort est injuste, elle frappe n’importe qui, n’importe où et la loi de proximité n’étant pas une fiction, cela fait d’autant plus mal lorsque c’est la France, lorsque c’est Paris, lorsque ce sont nos valeurs qui sont souillées et notre peuple abattu.  Ils s’en sont pris à Paris, à la France, à nos valeurs, à notre culture, mais ils ne les ont pas tuées, on n’abat pas une culture vieille de plus de deux mille ans, on n’assujetti pas un peuple révolutionnaire depuis trois cent ans, on ne réduit pas au silence le pays de la liberté d’expression.

Sartre a dit « la culture ne sauve rien ni personne« , mais dans le cas de la France, il me semble que c’est différent, comme l’a dit John Oliver dans son show de vendredi, si vous vous attaquez à la France et à sa culture « Good fucking luck » (bonne chance putain!). C’est en ces jours que l’on comprend tout le sens de la devise de Paris « Fluctuat nec mergitur » (battu par les flots mais ne sombre pas) car en effet, Paris a été ébranlé mais Paris n’est pas à genoux, car n’oublions pas Paris a été outragé, brisé, martyrisé mais aussi libéré. Alors ce ne sont pas des extrémistes, des terroristes, des déséquilibrés qui nous anéantiront, la France a combattu bien pire et en est sortie victorieuse.
Ils ont attaqué une nation qui pose son véto pour la deuxième Guerre du golfe, une nation laïque, une nation cosmopolite, alors quoi? Tuons des gens pour imposer nos idées, pour semer la terreur et contraindre au respect, mais la barbarie ne leur ouvrira pas les portes du paradis.
Et comme il n’y a de vrai que ce que l’on ne dit pas, je m’arrête ici, en espérant que nous continuerons tous à (essayer de) mener notre vie, et de repousser le terrorisme et la barbarie à coup de crayons, de citations de Sartre, de livres, de culture, d’éducation.

(Amis du monde entier, merci pour #prayforparis, mais nous n’avons pas besoin de plus de religion! Notre foi va à la musique! aux baisers! à la vie! au champagne et à la joie! #parisisaboutlife) BIDU