En début d’année on prend toutes ou presque de bonnes résolutions. L’une des miennes c’est d’aller voir plus de films, plus de spectacles, plus de concerts… Forte de cette décision et encouragée par un « moui moui » de mon homme, voyant cette révolution culturelle comme une lubie de plus, j’ai jeté mon dévolu sur la saison théâtrale 2012, et plus particulièrement sur: « Madame Bovary » .
Emma Bovary, un monument de la littérature selon mes profs, et à mes yeux le plus beau des romans de Flaubert. Je ne suis pas une spécialiste de Gustave mais qui a lu « les Chouans » jusqu’au bout mérite mes respects. C’est pas que je n’aime pas, mais deux pages pour décrire une table de chevet je trouve ça long! Simple point de vue personnel. Pourtant son héroïne reste un personnage marquant. Peut être parce que c’est une femme, seule dans son univers, atteinte d’un désespoir qui la gangrène jusqu’à la mort, comme vaccinée contre le bonheur. Je l’avais trouvé belle, romantique…un brin pathétique. Et me semble-t-il l’auteur avait eu la grâce d’abréger les descriptions, c’est du moins l’impression qu’il m’en restait.
Curieuse de voir comment sur scène on peut donner vie à cette solitude, à cette mélancolie, je me lance, je prend deux places en trois clics. Afin de garder intact l’effet de surprise j’ai préféré ne rien lire sur la mise en scène. Ce samedi soir, il y avait du monde pour accueillir la Compagnie Les Karyatides au théâtre de la Grande Ourse.
Sur scène, un plateau de deux mètres de large est surplombé d’un castelet. Une jeune femme habillée et gantée de noir, Marie Delhaye, arrive avec un magnifique sourire aux lèvres. Elle prend place à demi visible derrière son aire de jeu.
La scène est plongée dans l’obscurité. Un jeu de lumière vient doucement rehausser le visage et le buste de la jeune femme. Elle se saisit de quelques objets , et ses mains commencent à donner vie à l’histoire. Elle commence son monologue, et en même temps elle dispose des miniatures pour illustrer son texte. Une création sonore composée de plusieurs voix, colore la scène. Marie anime ses personnages pour donner corps à l’histoire. Elle commente ce qui se joue. Et ça fonctionne grâce à sa gestuelle très précise, à son corps qui sans trop bouger semble transcender les sentiments du personnage qu’elle évoque, Marie fait vivre Emma. Avec justesse et précision, elle amène son personnage sur la pente douce du désespoir.
Les décors et les chapitres du livre s’enchaînent, tantôt drôles, poétiques ou dramatiques. La mise en scène est prenante, les dialogues enregistrés des personnages secondaires et la musique s’ajustent parfaitement. Les éclairages maîtrisés viennent renforcer l’ambiance. Les silhouettes prennent vie sous les gestes feutrés de Marie, jusqu’au dénouement de l’histoire.
C’est une belle pièce riche d’idées originales où des objets inattendus trouvent leur place. On retrouve un univers inspiré de Tim Burton dans les choix d »animations. Le nom de cette compagnie tout droit venue de Belgique est à retenir: La Cie Les Karyatides. La pièce ne fût jouée que deux fois et on le regrette, par contre la compagnie est d’ors et déjà prévue au programme de la prochaine saison avec leur adaptation de Carmen. Affaire à suivre.
Théatre de Villeneuves- lès-Maguelone, BP 27-235 bd des Moures.34751 Villeneuve-lès-Maguelone. 04 67 69 58 00.